Choulier et Meinhof sont professeurs de grammaire, mais enseigner ne les passionne pas. Ils rêvent de découvrir une grande théorie linguistique, d’une richesse insoupçonnée, qui inscrira leurs nom au panthéon des chercheurs. Pour ce faire, ils vont s’isoler dans un petit village et se couper du monde dont ils vont ignorer les soubresauts …entre 1937 et 1944 !
Auteur : Laurent Nunez
Éditeur : Actes sud
À partir de l’intérêt qu’il porte à une statue sur la place du village de Fontan, Laurent Nunez a écrit un roman drôle et réjouissant, très érudit aussi, et je me suis posé la question : Choulier et Meinhof ont-ils réellement existé ? Pourtant la façon dont les deux personnages mènent leurs recherches frise le ridicule, néanmoins j’ai eu envie qu’il réussissent dans cette quête. Bien qu’ils soient plutôt méprisant pour leur semblables, leurs entêtements, leurs désespoirs m’ont touchés. J’ai suivi leurs « travaux » et l’évolution de leur relation, jusqu’au dernier paragraphe et là… surprise !
Une lecture vivifiante, vraiment.
En tant que lecteur, on pourrait craindre l’ennui mais bien c’est le bien contraire qui se passe : on se régale à voir évoluer ces deux compères qui, en pleine Seconde Guerre Mondiale, ne voient pas le monde se désagréger autour d’eux tant ils sont obsédés par leur quête dérisoire. Ce couple, à la fois drôle et farfelu – qui n’est pas sans rappeler les célèbres Bouvard et Pécuchet – s’émerveillant d’un rien, nous tient en haleine de bout en bout. A force d’y croire, ils finiront par trouver leur idée du siècle alors que le monde s’entre-déchire et n’a que faire de leurs trouvailles aussi insignifiantes qu’inutiles.
Une histoire de passion, d’amitié et d’émulation scientifique à la fois cocasse, émouvante et pleine de tendresse pour ces deux hommes qui, à trop vouloir accomplir leur destinée, en oublieront de vivre mais finiront toutefois par être rattrapés par l’Histoire.