Les services compétents

Le décor : les années soixante en URSS, période dite du ‘dégel’. La surveillance des intellectuels par les ‘services compétents’, comprendre le KGB. Un mystérieux auteur qui arrive à publier régulièrement des livres subversifs en Occident, le lieutenant Ivanov et ses proches, collègues et femme…

Auteur : Iegor Gran

Éditeur : P.O.L.

L’avis de Claire L.

Un plaisir de lecture du début à la fin grâce au style pince sans rire de Iegor Gran. Tout y est raconté comme si cela n’avait pas vraiment d’importance, l’air de ne pas y toucher, avec ironie et sens du grotesque. C’est pourtant l’histoire de ses parents qu’il raconte en leur rendant un puissant hommage.
Cela n’empêche pas un certain suspens. Il arrive à faire ressentir cette période ‘dramatique et bordélique’, les défaillances du système, les petits arrangements. Et surtout il retourne la posture de victime qu’il aurait pu montrer de son père finalement condamné à des années de camp. Ils furent surtout, avec sa femme formidablement évoquée dans des scènes d’anthologie, des humains qui n’avaient pas peur.

L’avis de Claude L.

L’auteur décrit très bien les tiraillements entre les envies naissantes de consommation qui agitent le pays des soviets, malgré les voyages organisés dans les goulags, et un endoctrinement qui impose de ne voir que ce qu’il est autorisé de croire. La description des méthodes disproportionnées du KGB pour assurer un contrôle total de la population est passionnante.
J’ai particulièrement apprécié le ton ironique de l’auteur, son humour pour conter une histoire qui pourtant le touche de près.
Super moment de lecture.

L’avis de Lola S.

Abram Tertz sera identifié après six longues années d’une enquête souvent… cocasse. De son vrai nom André Siniavski, avec sa femme, Maria Rozanova, ils sont les parents du narrateur. Cette histoire est donc un roman vrai et satirique…..
Roman drôle et touchant… qui me ramène pas mal d’années -lumière-… en arrière!!
J’ai beaucoup aimé le passage où Ivanov vient informer la citoyenne Rozanova que son mari a été appréhendé (et sont en train d’inspecter la bibliothèque), elle pose le bébé (Iegor) dans les bras du lieutenant abasourdi en le saoulant de paroles …incongrues…

L’avis de Gérard C.

Le procès de Siniavski avait fait grand bruit en occident, il signait la fin de « l’assouplissement » de l’ère Kroutchev. Iegor Gran nous raconte la traque que le KGB a menée contre son père. Il le fait avec distanciation, ce qui rend son récit, parfaitement documenté, léger et drôle. Sans caricaturer, il décrit la manière dont les services « compétents » conduisaient l’enquête, et ce sont leurs agissements qui les rendent ridicules. On voit bien comment les « petits chefs » usent de leur parcelle de pouvoir, en pensant sincèrement agir pour le bien du peuple, alors qu’ils ne le font que pour satisfaire leur égo. C’est superbe, et la lecture de ce livre est un plaisir constant

L’avis de Béatrice M.

Une histoire drôle de KGB ou un bien drôle de KGB ?
L’auteur narre la traque de son père durant six années durant et cela est évoqué avec beaucoup d’ironie, mettant le doigt sur les incongruités de ce régime totalitaire, provoquant inerties et inepties en cascade.
Le livre est situé dans la trame des événements qui scandent cette évolution ; le grand moment populaire du dégel qu’est l’exposition américaine de 1959 à Moscou, les funérailles de Pasternak, la répression sanglante des grèves de Novotcherkassk, et la chute de Khrouchtchev.
Roman très intéressant, à lire absolument !

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