Auteur : Yamina Benahmed Daho
Éditeur : Gallimard
Alya subit une tentative de viol. De Mémoire est le récit des suites et conséquences de cet acte. A travers les courriers adressés aux policiers, juges, thérapeutes, elle nous fait vivre ses peurs, ses cauchemars, son impossibilité de sortir, jusqu’à sa reconstruction.
C’est un roman très émouvant, qui ne tombe jamais dans le pathos. Au début du récit, Alya est une jeune fille comme les autres. Suite à cet acte odieux, la peur va s’installer dans son ventre et la rendre incapable d’avoir une vie sociale. Terrée dans son appartement, tout bruit ou absence de bruit va lui causer une véritable terreur. Les différents courriers écrits « de mémoire » nous font ressentir tout le cauchemar dans lequel elle se débat.
Il est difficile de ne pas être en empathie avec cette jeune femme et l’on se surprend à vouloir l’accompagner vers sa reconstruction. Ce n’est pas le récit de ce qu’il faut faire pour s’en sortir après un tel acte, mais bien l’histoire propre d’Alya.
En ne sélectionnant que les interlocuteurs qui ont une fonction médico-sociale ou judiciaire, en les présentant en tête de chapitre, Yamina Benahmed Daho écrit la voix à la fois contrainte et confidentielle d’Alya.
Très beau roman, très bien écrit. Les mots sont justes.
Ce récit se joue sur deux lignes temporelles: celle de l’enquête judiciaire et celle de sa mémoire.
L’héroïne va peu à peu retrouver sa liberté perdue. Et c’est avec émotion que nous voyons Alya se reconstruire et reprendre la trajectoire d’une vie un moment rompue.
Un roman poignant, qui montre combien la liberté que les femmes pensent avoir acquise est fragile, et peut être remise en cause en un instant. J’ai apprécié la forme du roman, qui est rythmé par des lettres datées permettant de suivre l’évolution d’Alya. Dans ces courts récits, elle va peu à peu s’éloigner de l’agression à proprement parler pour évoquer l’histoire familiale, ses parents d’origine algérienne et leur combat pour assurer l’avenir de leurs enfants. Ce court roman m’a d’autant plus touchée que je suis une femme ayant à peu près le même âge qu’Alya…
Roman dense, captif, écrit sobrement de manière réaliste qui relate l’agression puis la reprise de la scène auprès des policiers, psychiatres, psychologues.
C’est aussi l’histoire de ses parents : immigration des harkis et pauvreté, le deuil d’une enfant mort-née, l’amour entre mère et fille, la place de la femme dans la société.
Cette histoire nous concerne : à partir d’une introspection, l’auteure débouche sur une réflexion collective.
Ce qui ressort pour moi de cette lecture c’est la douceur malgré la violence des faits.